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Auteur/autrice : Jonas Lismont

Formation en biodynamie: Voyage de fin d’études en Écosse

Après deux années très intenses et riches de la formation du Mouvement de l’agriculture biodynamique en France, les stagiaires ont effectué un voyage d’étude en août dernier. Ce voyage fut un moment fort de leur formation et ils ont souhaité remercier les donateurs de la Fondation qui ont largement participé à la réussite de ce voyage beau et formateur.

Photo de groupe des étudiants. Image issue du rapport de leur voyage.

En cinq jours, les étudiants ont fait la connaissance de plusieurs initiatives en Écosse qui font vivre, chacune à leur façon, l’agriculture biodynamique. Au-delà de la pratique paysanne, les rencontres et échanges ont souvent porté sur les formes sociales que les communautés peuvent prendre autour de la ferme comme lieu de production et de transformation de la nature.

Ainsi, le Campill de Loch Arthur comprend deux fermes dans lesquelles travaillent les habitants de tout le Camphill, c’est-à-dire de tout le village. La production des deux fermes alimente la trentaine d’habitants répartis dans sept maisons, en plus de la vingtaine de jeunes volontaires qui viennent chaque année passer entre six mois et un an sur le lieu. Chacun a sa place dans le travail quotidien, dans l’agriculture ou dans les autres tâches, ce qui donne confiance en soi et en l’autre. Autre particularité de cette communauté: le montant des rémunérations est laissé à la libre appréciation de chacun, qui le choisit en fonction de ses besoins et de ceux des autres personnes.

Parmi les autres lieux et nombreuses personnes rencontrées, un autre endroit marquant fut le Pishwanton Institute (The Life Science Trust), une institution de recherche, d’expérimentation et d’enseignement sur l’architecture, le paysage et l’approche goethéenne.

Au pied des collines de Lammermuir
Entre landes et plaines fertiles
Partager, observer et s’enfuir
Du monde et de sa prison futile

Les genêts, les bouleaux, la callune
Offrent leurs teintes subtiles aux bâtisses
Qui s’intègrent discrètes au rideau
De nature, qui leur sert de calice

Les formes se répandent dans l’espace
Nous suivons dans notre marche les bordures
Le temps indolent laisse sa trace
Jusqu’à sublimer les moisissures

Partout les gnomes sortent de Terre.
Les ondines esquissent un mouvement,
Que les fées reproduisent dans l’air,
Portant le feu jusque dans les champs.

(Un stagiaire)

Lire le rapport complet des étudiants sur leur voyage.

Lettre ouverte décembre 2017

Lire l’intégralité de la Lettre ouverte (PDF)

Éditorial

Beuys, Joseph
Art = Capital, 1979-1984
Object with fire extinguisher
116 x 75 x 25 cm (45 x 29 x 9 inches)
Hall Collection. Courtesy Hall Art Foundation
Photography: Mark-Woods.com

« Art = Capital », peut-on lire sur plusieurs œuvres d’art de Joseph Beuys présentées dans la rétrospective actuellement consacrée à l’artiste au musée d’art contemporain d’Anvers. Pour cet artiste allemand qui a profondément marqué l’art de la deuxième moitié du XXe siècle, notre conception de l’art devrait être considérablement élargie et dépasser le cadre que nous lui attribuons habituellement. L’art ne se limite pas à la création d’artefacts ou de « moments » artistiques par des artistes attitrés, mais comprend toute activité sociale novatrice.

Pour Beuys, l’art n’est pas le seul concept qui doit être élargi. La compréhension de l’économie également doit être vue de façon plus globale. Dans leur essence, l’école, ou l’université, doivent être considérées comme des lieux de production (de capacités, d’idées) au même titre que les usines qui transforment les produits de la nature. Car, très concrètement, la créativité, les idées et les capacités développées dans ces lieux sont la base indissociable de cette économie que nous restreignons trop souvent à la création de valeur marchande immédiate. Ainsi, pour Beuys, la créativité peut être vue comme un capital.

Sans vouloir les y réduire, nous sommes convaincus que les chemins individuels de formation que vous soutenez par l’intermédiaire de notre Fondation peuvent s’inscrire, chacun à sa manière, dans ces compréhensions élargies de l’art et de l’économie, que ce soit dans des spécialisations en agriculture, en pédagogie, dans les arts de la scène ou les arts plastiques ou encore pour une formation générale comme celle proposée par le Foyer Michaël. Ces chemins de formation et ces enseignements ont en effet ceci de commun qu’ils cherchent à vivifier l’artiste qui sommeille en chacun et qui pourra aborder les différentes disciplines avec une créativité et une compréhension originales et irremplaçables pour répondre aux besoins rencontrés dans ces domaines. Par ce biais, c’est la vie sociale dans son ensemble qui peut être renouvelée en profondeur.

Dans ce numéro, nous vous proposons en particulier deux témoignages de l’année d’approfondissement en peinture au Foyer Michaël ainsi qu’un retour sur le voyage des stagiaires biodynamistes en Écosse l’été dernier. Nous incluons également une information pratique pour aider les étudiants à trouver des aides financières auprès d’autres fondations anthroposophiques en Europe. À la fin de ce numéro, vous trouverez les messages des donateurs et boursiers ainsi qu’un appel aux dons.

Nous vous souhaitons une bonne fin d’année !

Pour le Conseil d’administration,
Jonas Lismont

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Se former en agriculture biodynamique : Soigner la terre et les hommes

Depuis plus de 25 ans, la formation française diplômante en biodynamie accueille à Obernai (68), et depuis 2014 aussi à Segré (47), de futurs paysans et paysannes à la recherche de savoir- faire et du savoir-être pour soigner la terre et les hommes. Un article paru dans notre Rapport Annuel 2016.

Stagiaires du BPREA d’Obernai. Photo : MABD

Une formation qualifante pensée et conduite par des paysans

Cette formation est née d’une initiative de paysans biodynamistes qui accueillaient déjà des stagiaires sur leurs fermes dans un cadre non formel. La nécessité d’une structure pouvant offrir un statut of ciel aux personnes engagées et le déploiement d’une pédagogique adaptée a réuni tous ces paysans autour d’un projet ambitieux et digne de leurs efforts, celui de créer une formation diplômante à la biodynamie. Ils ont alors déployé beaucoup d’énergie pour faire naître la formation qu’ils auraient souhaitée pour eux-mêmes. De nombreuses réunions ont eu lieu pour la formation des formateurs au travail de groupe, à ce que signi e la formation d’adultes et aux approches pédagogiques. Le Brevet Professionnel Agricole (BPA) a vu le jour en 1990, en collaboration avec le Centre de Formation Professionnelle Pour Adultes (CFPPA) d’Obernai. En 2006, la formation a évolué vers le Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole (BPREA) polyculture élevage adapté à la biodynamie, diplôme nécessaire pour s’installer en tant qu’agriculteur et pouvoir prétendre aux aides à l’installation.

Acquérir un regard conscient sur le vivant

Dès le commencement, les orientations pédagogiques de la formation sont décidées par un collège composé de paysans et de formateurs dans le but de proposer un cursus complet alliant les bases scienti ques et les savoir-faire techniques agricoles à une approche phénoménologique de la nature et du vivant pour favoriser la naissance d’un regard conscient sur le monde. Des pratiques artistiques viennent compléter cette formation pour lui inspirer un souf e vivant, et pour lui apporter la nourriture du cœur. Et en n, les deux périodes de stage dans des fermes en biodynamie offrent une possibilité d’exercer ce qui a été acquis pendant les cours théoriques.

La formation respire au rythme des saisons : les quatre mois de cours théoriques qui ont lieu au centre de formation en hiver sont ponctués de sept mois de stage sur le terrain en production végétale (maraîchage, grandes cultures ou plantes aromatiques et médicinales) et en production animale (élevage laitier ou allaitant), et cela sur deux ans. Les maîtres de stage se rencontrent trois fois par an pour échanger sur la pédagogie mise en œuvre sur les fermes, et sur les difficultés qui peuvent survenir pendant les stages.

Au cours de ces deux années, la formation permet à chaque stagiaire de développer une relation personnelle tant avec le monde animal que le monde végétal, indépendamment de leurs projets d’installation respectifs. En effet, même un maraîcher ou un céréalier doit connaître la réalité de l’éleveur, avec qui il travaillera sûrement, pour tendre à la constitution d’un organisme agricole à l’échelle de sa ferme ou bien à une échelle plus large, offrant par la présence de l’animal une fertilité durable à la terre.

Changer le visage de la société

La question de l’argent et du financement est aussi étudiée et expérimentée pendant la formation, notamment par une caisse commune de solidarité, alimentée par les maîtres de stage et gérée par ces derniers et les stagiaires. Cet outil permet non seulement de répondre aux besoins annexes de la formation mais offre aussi un support pédagogique concret pour étudier le rapport à l’argent et sa gestion collective.

Stagiaires du BPREA d’Obernai. Photo : MABD

Par ailleurs, la formation met l’accent sur l’aspect social et sur la connaissance de soi, puisque l’homme d’aujourd’hui est porteur de l’humanité en devenir. Son attitude intérieure et extérieure sert de véritable levain pour cette humanité. Cet aspect est d’autant plus important que la majorité des ruptures sur les fermes ne sont pas dues à des difficultés économiques ou techniques mais à un manque de savoir-être dans la collectivité.

S’il fallait choisir une qualité avec laquelle l’équipe pédagogique souhaiterait voir repartir les stagiaires, ce serait des sens plus développés, une capacité d’observation accrue : une façon de regarder le vivant, les végétaux, les animaux permettant d’agir ensuite en conscience en respectant ces êtres.

Nombreux sont ceux qui se tournent aujourd’hui vers l’agriculture avec un idéalisme fort, une conscience écologique marquée et la ferme ambition de changer le visage de la société, de relocaliser l’économie, de proposer une alimentation saine et de qualité, de mettre en pratique une autre agriculture, au service de la terre. Cette formation crée pour tout chercheur de vérité un espace qui va dans ce sens, où l’émergence d’une véritable connaissance est possible pour se situer activement, en tant qu’être humain libre, dans une société complexe.

Maryna Bogdanok et Martin Quantin

À propos du BPREA

Le Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole (BPREA) est la seule formation française diplômante en biodynamie. Le BPREA est coordonné par le Mouvement de l’Agriculture Biodynamique (MABD) en collaboration avec le Centre de Formation Professionnelle Pour Adultes (CFPPA) d’Obernai (68) et, depuis 2014, le Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricoles (également CFPPA !) de Segré (47).

Plus d’informations :

www.bio-dynamie.org/formations/formations-diplomantes/

Rapport annuel 2016 – Éditorial

Lire le rapport annuel (PDF)

Depuis ses débuts, l’anthroposophie a fait l’objet de caricatures. Rudolf Steiner soulignait déjà que les critiques de l’anthroposophie se basent souvent sur une déformation du propos, pour ensuite mieux le critiquer et même tenter de le compromettre. Bien que cette volonté de dénigrement soit visiblement toujours d’actualité, les expressions courageuses reconnaissant la pertinence de réalisations issues de l’anthroposophie sont également nombreuses1. Elles constituent un précieux encouragement pour les formations professionnelles auxquelles la Fondation Paul Coroze facilite l’accès.

Une fréquentation authentique de l’œuvre de Rudolf Steiner permet de déceler facilement l’incohérence de fond des accusations de sectarisme à son encontre. Mentionnons à ce sujet un bel article de Raymond Burlotte qui remet en perspective de façon libératrice les accusations infondées et répétitives de racisme à l’encontre du fondateur de l’anthroposophie2.

Pour prendre conscience du fondement qui anime les auteurs de ces réalisations, nous partageons avec vous dans ce rapport annuel un témoignage et un article montrant la diversité des démarches qui inspirent les engagements professionnels soutenus par notre institution. Car ce que nous soutenons par notre action, c’est bien le renouvellement vivant des approches dans sphère agricole, pédagogique, médicale, artistique, entre autres, sur la base d’une expérience et d’une

ouverture au monde, telle que celles que l’on peut ressentir en approfondissant l’anthroposophie en vue de l’action dans le monde. Il suf t de lire ces témoignages, ou mieux encore, de rencontrer les étudiants et les projets qu’ils portent pour se rendre compte de la pertinence et de l’actualité de ce que soutient la Fondation.

Dans ce numéro, vous trouverez également les rapports moral et nancier de notre organisme pour l’année 2016. Nous avons essayé d’y donner une image vivante de la réalité sociale et nancière. Il y a lieu de se réjouir, car le cercle des donateurs s’est signi cativement agrandi sur cette période. Que ce soit l’occasion d’adresser nos remerciements chaleureux à tous celles et ceux qui ont manifesté leur confiance par leurs dons, et plus particulièrement à celles et ceux qui, de béné ciaire, ont fait le choix de devenir, à leur tour, donateur.

Nous vous souhaitons un très bel été et une agréable lecture !

Pour le Conseil d’administration,
François Lusseyran et Jonas Lismont

1. Récemment parmi bien autres exemples : ‘Bulle en biodynamie’, QUE CHOISIR Nr 554, Janvier 2017, p. 7

2. Raymond Burlotte, Alors… raciste ou le contraire ? (Lire ici)

Lire le rapport annuel (PDF)

Retour sur la Journée du Cinquantenaire

Nous sommes heureux de vous adresser quelques échos de la journée du 2 juillet dernier, au cours de laquelle nous avons fêté, avec certains d’entre vous, donateurs, étudiants, représentants d’instituts de formation, amis, les 50 ans de l’impulsion de la Fondation Paul Coroze.

C’est avec joie, reconnaissance et fierté que nous jetons un regard rétrospectif sur cet événement : joie et reconnaissance de vous avoir rencontrés, fierté d’avoir pu offrir un cadre permettant à autant d’âmes lumineuses et engagées de s’exprimer. Car, si notre action quotidienne semble limitée à une solidarité matérielle et financière, certes indispensable, son fondement est notre capacité à favoriser, au présent et dans le futur, des liens avec et entre étudiants, donateurs-donatrices, formateurs et, au-delà, avec nos contemporains. Ce fut le cas en ce beau 2 juillet.

Accrochage de tableaux
« de 45 »

En ouverture de la journée, nous avons été heureux de revoir François Jordan, figure tutélaire de la Fondation. Successeur de Simonne Rihouët-Coroze et pendant 40 ans président, il fut, avec un sens politique fin et droit, la cheville ouvrière du laborieux processus de la reconnaissance d’utilité publique, obtenue en 1972.

Ensuite, Pierre Della Negra a partagé avec l’assemblée ses souvenirs des débuts de la Fondation Paul Coroze et notamment ceux liés à la personnalité de Mme Coroze. Une personnalité qu’il perçut comme exceptionnelle, en particulier dans son aptitude à reconnaître le geste propre à chacun, mettant ainsi bien des jeunes en chemin sur leur propre voie. Hélène Oppert a conforté cette image par ses propres souvenirs et remercié la Fondation d’avoir été un partenaire vital pour le développement de l’Eurythmie en France.

En tant qu’actuel président, François Lusseyran est revenu sur la « préhistoire » de l’institution pour évoquer le contexte intellectuel de la décennie qui a précédé la création de la Fondation. Il s’est appuyé sur les articles des premiers numéros de la revue Triades éditée par Mme Coroze depuis le printemps 1953. Les auteurs de ces articles questionnaient en effet avec insistance l’image de l’homme et du monde, matérialisée depuis le XIXe siècle par la culture technoscientifique. Nous ne ferons ici que nommer Paul Coroze, dont l’humanisme, engagé dans le monde d’alors et profondément porté par l’anthroposophie, légitime, par-delà son legs matériel, le patronyme de notre fondation. D’autres membres du Conseil d’administration ont ensuite fait l’état des lieux de la Fondation, Maryse Rouzès, pour ce qui est des bourses, Jean S. pour l’immobilier et Jonas Lismont pour la communication.

La suite de l’après-midi a été consacrée à des interventions très encourageantes des représentants de plusieurs formations et partenaires :

René Becker, secrétaire général de la Société anthroposophique en France, laquelle a récemment pris l’initiative d’une rencontre entre nos deux institutions, regardant résolument vers l’avenir pour l’incarnation de l’anthroposophie en France, dans le XXIe siècle ; Raymond Burlotte a parlé de l’Institut Rudolf Steiner, centre de formation de professeurs à la pédagogie Steiner-Waldorf. Il a souligné le rôle capital de Simonne Rihouët-Coroze : elle savait regarder au-delà des êtres, avait la faculté de créer à partir de rien ; bon nombre des institutions anthroposophiques actuelles existent grâce à elle. Il a également décrit l’Institut Rudolf Steiner comme un fleuve parcouru par le flux des générations qui perçoit sa mission de formation notamment dans la capacité à remettre en mouvement, à retrouver et faire retrouver l’enthousiasme face au monde, afin d’éveiller la faculté d’éduquer ; Isabelle Dupin, co-responsable de la formation en pédagogie Didascali, a, quant à elle, insisté sur la nécessité pour les pédagogues de pouvoir porter un regard nouveau sur les besoins pédagogiques liés à une époque, à un lieu et à une institution, au-delà même du lien explicite au mouvement des écoles Steiner-Waldorf. Elle a également présenté la nouvelle formation universitaire conjointement organisée par Didascali et l’université d’Avignon, qui permet l’obtention d’un Diplôme Universitaire intitulé « Acteur social en éducation artistique et culturelle ». Ce module de formation fait, cet automne, l’objet d’une restructuration ; Wilhelm Queyras, fondateur de l’école de théâtre Actéon, qui se fait actuellement une belle place dans le milieu de la scène, a partagé avec enthousiasme l’efficacité de plus en plus reconnue dans le monde du théâtre des méthodes tirées du Cours aux acteurs de Rudolf Steiner ; Clément Birckel du Mouvement de Pédagogie Curative et de Sociothérapie a ensuite montré que la formation attirait de plus en plus d’étudiants parce qu’elle propose de travailler sur une image de l’être humain profondément fondée, possibilité qui manque souvent dans les formations aux métiers d’accompagnement curatifs. Cette formation effectue actuellement des démarches pour obtenir une reconnaissance d’État. Marie-Ange Ghesquière a donné des nouvelles des deux formations en biodynamie qui permettent d’obtenir le BPREA, Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole. Le coût de cette formation est pris en charge par l’État. Lucien Defèche et James Della Negra ont, à leur tour, présenté l’année de formation de base du Foyer Michaël, en le décrivant comme un espace où la rencontre des autres se fait par l’art, par le cœur, où l’on apprend le courage d’échouer pour se relever aussitôt.

Enfin, la vie de l’Eurythmie en France a été présente grâce, bien sûr, aux précieux et touchants « intermèdes » généreusement offerts par l’Union pour l’Eurythmie, le groupe Fontaine animé par Marie-Claire Couty et par les étudiants de Maria Weulersse. Elle a aussi été présente à travers celles qui l’enseignent au quotidien : Maria Weulersse a évoqué sa contribution eurythmique à la nouvelle « deuxième année » du Foyer Michaël, en caractérisant l’impact biographique de cette formation – « devenir plus fort en devenant plus sensible » ; Jehanne Secretan a rappelé les efforts déployés avec persévérance pour maintenir une formation à Chatou ; Praxède Dahan a annoncé l’ouverture de l’école d’eurythmie Intervalles, à Arles, la première promotion comptant déjà au moins 12 étudiants, venus des quatre coins du monde, pour une formation bilingue français-allemand à temps plein. Quatre de ces étudiants sont issus de la formation de Maria Weulersse évoquée ci-dessus.

Le soir du 2 juillet ainsi que le lendemain, les étudiants du Foyer Michaël ont offert un magnifique cadeau aux participants avec la représentation de la comédie musicale véritablement emblématique La Quête, inspirée de la mise en scène de L’Homme de la Mancha de Dale Wasserman, adaptée en français par Jacques Brel. L’engagement, l’audace, la joie dans l’action, la finesse des émotions exprimées et le talent des jeunes acteurs et chanteurs ont profondément touché et enthousiasmé les spectateurs. Ils ont donné là une preuve tangible de cette « efficacité » de l’anthroposophie dont avait parlé Wilhelm Queyras.

Nous sommes très  reconnaissants d’avoir pu célébrer cet anniversaire avec un tel rassemblement de forces vives liées au mouvement anthroposophique en France. La centaine de participants a pu se faire une image vivante du chemin parcouru depuis 50 ans, de sa réalité présente et voir se dessiner l’avenir. L’ambiance générale à l’issue de cette perception mutuelle était au rassemblement des énergies.  Réjouissons-nous de ces synergies qui renforcent l’activité de formation en France aux métiers issus de l’anthroposophie, que la Fondation s’efforce de soutenir. Quel beau moment, merci à vous tous !

Festival de jeunes − FAUST au Goetheanum

Du 25 au 29 juillet 2016, un festival sur le Faust de Goethe est organisé pour des jeunes au Goetheanum à Dornach (Suisse). Ces quelques jours intensifs de rencontre seront l’occasion de se pencher sur cette œuvre unique du poète allemand sur l’être humain et sa quête de connaissance. Le festival et les représentations auront lieu en allemand, anglais et espagnol.

Le prix tout compris pour l’ensemble du festival (festival, logement, nourriture, représentations) s’élève à 150 Francs suisses seulement pour les jeunes des moins de 35 ans en formation (école, université, apprentissage). Ce prix très bas a pu être obtenu suite au soutien de plusieurs fondations.

Plus d’informations et inscriptions

Quelques images en vidéo

50 ans d’impulsion de la Fondation

Cela fera bientôt un demi-siècle qu’ont été posées les bases de notre Fondation. Nous voulons fêter cela, chaleureusement, dignement, en donnant l’occasion à tous les acteurs de la Fondation : les étudiants, jeunes ou sages, les donateurs, fréquents ou ponctuels, mais aussi et tout particulièrement les instituts de formation, de se rencontrer le 2 juillet prochain à partir de 14h30 pour une après-midi festive suivie à 19h d’un buffet. Des échanges rétrospectifs et prospectifs alterneront avec des moments artistiques et des temps informels de rencontre. Cette fête, qui aura lieu au Centre Coroze, 1 rue François Laubeuf à Chatou, sera également l’occasion d’inaugurer ces locaux après leur rénovation. Et pour celles et ceux qui pourront rester, les étudiants du Foyer Michaël donneront le soir à 20h30 une pièce de théâtre.

Vous y êtes tous les bienvenus ! Pour des raisons s’organisation, il est indispensable de s’inscrire par courrier, par téléphone ou par mail auprès du secrétariat de la Fondation: contact@fondationpaulcoroze.fr ou 01 43 54 50 72

Rencontre du nouvel an, une initiation moderne ?

Difficile de trouver un fil à suivre pour parler de la dernière rencontre du nouvel an au Foyer Michael, organisé par l’association Jeunesse et Anthroposophie (anciennement Carminem) et la Fondation Paul Coroze… Le sujet était si vaste, les expériences si nombreuses et intenses… Comment vous faire sentir un peu la qualité de cette rencontre, ses implications pour la vie de chacun et de nous tous ; comment, avec des mots, parler de l’ineffable ? D’autant plus que nous avons pu mesurer à quel point il était difficile de partager quelque chose d’aussi intime et universel que l’amour avec des mots. Car oui, le thème de cette année était l’Amour ; avec un titre qui sonnait pour beaucoup comme un prétexte : « l’amour n’est-il qu’un sentiment ? » mais qui pour d’autres était une réelle question ! Vous voyez comment, déjà là, le champs des possibles et des expériences était immense.

Commençons simplement alors : nous étions une quarantaine de tous âges, avec une moyenne plutôt jeune, ce qui, pour ma part était très rafraîchissant, à nous retrouver dans ce lieux merveilleux qu’est le Foyer Michael. Les étudiants nous avaient laissé leurs chambres. Le programme à première vu était extrêmement chargé : rendez-vous tôt le matin pour un petit déjeuner et des activités qui s’enchaînent jusqu’à tard le soir. Je me suis dit que jamais nous ne tiendrions le coup. Pourtant si : l’organisation millimétrée avait trouvé une belle harmonie entre les moments de réflexions en petits groupes, les moments d’échange en plénum (oui à 40 !), les moments plus physiques, les ateliers artistiques, les apports sous forme de conférence, les repas pris ensemble, les tâches à accomplir pour la bonne marche de la rencontre… Bref, tout ce qu’il fallait pour ne pas aborder le thème uniquement par la pensée, mais bien aussi par le sentiment et la volonté. Et c’est là que la magie opère. Car chacun était venu avec son vécu, ses visions du monde, ses espoirs, ses préjugés, mais aussi par la volonté de se remettre en question. Nous avons creusé, nous avons affiné notre compréhension de ce qu’est l’égoïsme, la sagesse, les formes de l’amour… Chacun a essayé de comprendre les autres et de se faire comprendre. Et nous nous sommes rendu compte de l’impossibilité de se relier aux autres par la pensée. De par le processus même du dialogue au niveau de la pensée, qui vient certes d’une volonté de se relier mais aussi d’endormir l’autre ou de se laisser endormir (c’était un des thèmes abordés dans les petits groupes, cf. la conférence de R. Steiner…). Et aussi par le fait que même si on arrive à se faire comprendre ou à comprendre l’autre, on n’arrive au final qu’à penser le ou les mêmes concepts, rien de plus. Qu’est-ce qui nous reliait alors ?  Qu’est-ce qui nous relie ? Comment se relier ? A force de réflexion, mais aussi comme je le disais, par toutes les autres activités, nous avons fini par entrevoir comment parfaire l’expérience de l’amour. Dans l’intérêt et l’attention portés aux autres, à soi, aux activités ; dans les traits du pinceau sur la feuille de papier, dans le partage des repas, dans l’écoute de l’autre, dans l’écoute de soi-même, dans les mouvements de son corps, dans le frémissement du silence… Il y a eu, d’après moi, des signes que quelque chose de neuf avait émergé, que quelque chose d’ineffable avait eu lieu : Le dernier jour, nous avons enfin réussi ce jeu où nous sommes tous en cercle et chacun doit, à un moment, faire un pas en avant ; mais si deux personnes font un pas en même temps, alors on a perdu et on doit recommencer. Il faut pour cela une qualité d’écoute et de présence exceptionnelles. Il y a aussi eu ce magnifique silence lors de notre dernier cercle, où les témoignages des uns et des autres étaient d’une richesse et d’une intensité rares.

Oui, je suis persuadé que chacun a pu faire, plus ou moins consciemment, l’expérience de l’amour. Je ne peux en dire plus au risque de figer dans des mots quelque chose d’essentiellement libre, vivant, profond, puissant et lumineux. Et c’est en cela que je parle d’initiation moderne. Un chemin fait en toute liberté, où chacun est guide et disciple à la fois ; où chacun repart avec de nouvelles compréhensions, certaines choses devenues des acquis après des années de maturation mais aussi avec de nouvelles forces vives, de nouvelles pistes d’explorations, des graines pour un travail à venir.

En arrivant quelqu’un m’avait dit : C’est la première fois que tu viens à la rencontre du nouvel an ?– oui – tu vas voir, ça va te donner des forces pour toute l’année à venir !

Et bien si c’est comme ça à chaque fois, alors c’est sûr, vous m’y verrez l’année prochaine. Et je tiens encore à remercier tous les participants et toutes les personnes qui de près ou de loin ont permis à cette rencontre d’exister.

B. Berrier

Rencontre estivale « intergénérationnelle » dans l’Allier

La rencontre « Œuvrer ensemble » s’est tenue du 8 au 14 août 2015 au Foyer Michaël. Ce projet innovant visant à faire dialoguer les générations par l’approfondissement d’une réflexion commune a été soutenu financièrement et moralement par la Fondation Paul Coroze, permettant de donner plus de rayonnement à l’événement et à réduire les frais d’inscription.

Début août, 34 personnes entre 22 et 69 ans se sont rencontrées pour une semaine au Foyer Michaël (Allier) autour du thème « Œuvrer ensemble : Pourquoi ? Comment ? Comprendre les forces agissant dans le social ». Cercles d’échange, modelage, conférences et temps d’initiatives ont rythmé les journées. Cette rencontre fut intense, pas seulement parce qu’il s’agissait d’approfondir un thème, mais parce que nous nous sommes observés nous-mêmes : suis-je réellement en mesure de rencontrer les autres ? Puis-je me remettre en question à un point tel qu’une rencontre puisse se produire ? Des tensions sont vite apparues entre participants, faisant émerger un autre problème : au fond, qu’est-ce qui nous relie les uns aux autres, et d’où vient cette certitude profondément ancrée que nous devons continuer à chercher une chose commune malgré les différences ? La rencontre s’est ainsi transformée en laboratoire de la société tout entière.

Des images sont apparues. Ce n’est pas par politesse que je dois écouter l’autre, mais parce que lui seul est en mesure de me dire ce que je fais sur la terre. Sans l’autre, je ne pourrai le trouver. Et cela, il ne peut me le dire que lorsque nous sommes en confiance. Ce n’est que lorsque le Christ a confié à la Samaritaine qu’il avait besoin d’eau, et que la Samaritaine a reconnu qu’elle avait besoin de « l’eau vive », ce n’est que lorsque les deux ont fait part à l’autre de leur détresse et de leurs besoins qu’ils ont pu parler du sens des choses et du monde : « ceux qui adorent réellement le Père l’adoreront en esprit et en vérité ». Ce n’est qu’alors qu’ils abordent ce quelque-chose qui peut maintenir la société et la re-fonder. Ce quelque-chose reste cependant indéterminé. Et il faut bien de l’audace dans la rencontre de l’autre pour faire apparaître les contours de cet indéterminé fondateur. Bien qu’elle puisse parfois sembler vouée à l’échec, cette recherche est sans doute ce qu’il y a de plus pressant aujourd’hui.

Jonas Lismont