Nous sommes heureux de vous adresser quelques échos de la journée du 2 juillet dernier, au cours de laquelle nous avons fêté, avec certains d’entre vous, donateurs, étudiants, représentants d’instituts de formation, amis, les 50 ans de l’impulsion de la Fondation Paul Coroze.
C’est avec joie, reconnaissance et fierté que nous jetons un regard rétrospectif sur cet événement : joie et reconnaissance de vous avoir rencontrés, fierté d’avoir pu offrir un cadre permettant à autant d’âmes lumineuses et engagées de s’exprimer. Car, si notre action quotidienne semble limitée à une solidarité matérielle et financière, certes indispensable, son fondement est notre capacité à favoriser, au présent et dans le futur, des liens avec et entre étudiants, donateurs-donatrices, formateurs et, au-delà, avec nos contemporains. Ce fut le cas en ce beau 2 juillet.
En ouverture de la journée, nous avons été heureux de revoir François Jordan, figure tutélaire de la Fondation. Successeur de Simonne Rihouët-Coroze et pendant 40 ans président, il fut, avec un sens politique fin et droit, la cheville ouvrière du laborieux processus de la reconnaissance d’utilité publique, obtenue en 1972.
Ensuite, Pierre Della Negra a partagé avec l’assemblée ses souvenirs des débuts de la Fondation Paul Coroze et notamment ceux liés à la personnalité de Mme Coroze. Une personnalité qu’il perçut comme exceptionnelle, en particulier dans son aptitude à reconnaître le geste propre à chacun, mettant ainsi bien des jeunes en chemin sur leur propre voie. Hélène Oppert a conforté cette image par ses propres souvenirs et remercié la Fondation d’avoir été un partenaire vital pour le développement de l’Eurythmie en France.
En tant qu’actuel président, François Lusseyran est revenu sur la « préhistoire » de l’institution pour évoquer le contexte intellectuel de la décennie qui a précédé la création de la Fondation. Il s’est appuyé sur les articles des premiers numéros de la revue Triades éditée par Mme Coroze depuis le printemps 1953. Les auteurs de ces articles questionnaient en effet avec insistance l’image de l’homme et du monde, matérialisée depuis le XIXe siècle par la culture technoscientifique. Nous ne ferons ici que nommer Paul Coroze, dont l’humanisme, engagé dans le monde d’alors et profondément porté par l’anthroposophie, légitime, par-delà son legs matériel, le patronyme de notre fondation. D’autres membres du Conseil d’administration ont ensuite fait l’état des lieux de la Fondation, Maryse Rouzès, pour ce qui est des bourses, Jean S. pour l’immobilier et Jonas Lismont pour la communication.
La suite de l’après-midi a été consacrée à des interventions très encourageantes des représentants de plusieurs formations et partenaires :
René Becker, secrétaire général de la Société anthroposophique en France, laquelle a récemment pris l’initiative d’une rencontre entre nos deux institutions, regardant résolument vers l’avenir pour l’incarnation de l’anthroposophie en France, dans le XXIe siècle ; Raymond Burlotte a parlé de l’Institut Rudolf Steiner, centre de formation de professeurs à la pédagogie Steiner-Waldorf. Il a souligné le rôle capital de Simonne Rihouët-Coroze : elle savait regarder au-delà des êtres, avait la faculté de créer à partir de rien ; bon nombre des institutions anthroposophiques actuelles existent grâce à elle. Il a également décrit l’Institut Rudolf Steiner comme un fleuve parcouru par le flux des générations qui perçoit sa mission de formation notamment dans la capacité à remettre en mouvement, à retrouver et faire retrouver l’enthousiasme face au monde, afin d’éveiller la faculté d’éduquer ; Isabelle Dupin, co-responsable de la formation en pédagogie Didascali, a, quant à elle, insisté sur la nécessité pour les pédagogues de pouvoir porter un regard nouveau sur les besoins pédagogiques liés à une époque, à un lieu et à une institution, au-delà même du lien explicite au mouvement des écoles Steiner-Waldorf. Elle a également présenté la nouvelle formation universitaire conjointement organisée par Didascali et l’université d’Avignon, qui permet l’obtention d’un Diplôme Universitaire intitulé « Acteur social en éducation artistique et culturelle ». Ce module de formation fait, cet automne, l’objet d’une restructuration ; Wilhelm Queyras, fondateur de l’école de théâtre Actéon, qui se fait actuellement une belle place dans le milieu de la scène, a partagé avec enthousiasme l’efficacité de plus en plus reconnue dans le monde du théâtre des méthodes tirées du Cours aux acteurs de Rudolf Steiner ; Clément Birckel du Mouvement de Pédagogie Curative et de Sociothérapie a ensuite montré que la formation attirait de plus en plus d’étudiants parce qu’elle propose de travailler sur une image de l’être humain profondément fondée, possibilité qui manque souvent dans les formations aux métiers d’accompagnement curatifs. Cette formation effectue actuellement des démarches pour obtenir une reconnaissance d’État. Marie-Ange Ghesquière a donné des nouvelles des deux formations en biodynamie qui permettent d’obtenir le BPREA, Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole. Le coût de cette formation est pris en charge par l’État. Lucien Defèche et James Della Negra ont, à leur tour, présenté l’année de formation de base du Foyer Michaël, en le décrivant comme un espace où la rencontre des autres se fait par l’art, par le cœur, où l’on apprend le courage d’échouer pour se relever aussitôt.
Enfin, la vie de l’Eurythmie en France a été présente grâce, bien sûr, aux précieux et touchants « intermèdes » généreusement offerts par l’Union pour l’Eurythmie, le groupe Fontaine animé par Marie-Claire Couty et par les étudiants de Maria Weulersse. Elle a aussi été présente à travers celles qui l’enseignent au quotidien : Maria Weulersse a évoqué sa contribution eurythmique à la nouvelle « deuxième année » du Foyer Michaël, en caractérisant l’impact biographique de cette formation – « devenir plus fort en devenant plus sensible » ; Jehanne Secretan a rappelé les efforts déployés avec persévérance pour maintenir une formation à Chatou ; Praxède Dahan a annoncé l’ouverture de l’école d’eurythmie Intervalles, à Arles, la première promotion comptant déjà au moins 12 étudiants, venus des quatre coins du monde, pour une formation bilingue français-allemand à temps plein. Quatre de ces étudiants sont issus de la formation de Maria Weulersse évoquée ci-dessus.
Le soir du 2 juillet ainsi que le lendemain, les étudiants du Foyer Michaël ont offert un magnifique cadeau aux participants avec la représentation de la comédie musicale véritablement emblématique La Quête, inspirée de la mise en scène de L’Homme de la Mancha de Dale Wasserman, adaptée en français par Jacques Brel. L’engagement, l’audace, la joie dans l’action, la finesse des émotions exprimées et le talent des jeunes acteurs et chanteurs ont profondément touché et enthousiasmé les spectateurs. Ils ont donné là une preuve tangible de cette « efficacité » de l’anthroposophie dont avait parlé Wilhelm Queyras.
Nous sommes très reconnaissants d’avoir pu célébrer cet anniversaire avec un tel rassemblement de forces vives liées au mouvement anthroposophique en France. La centaine de participants a pu se faire une image vivante du chemin parcouru depuis 50 ans, de sa réalité présente et voir se dessiner l’avenir. L’ambiance générale à l’issue de cette perception mutuelle était au rassemblement des énergies. Réjouissons-nous de ces synergies qui renforcent l’activité de formation en France aux métiers issus de l’anthroposophie, que la Fondation s’efforce de soutenir. Quel beau moment, merci à vous tous !