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Kaori Kinoshita en tournage

La série documentaire est là ! Prendre soin de l’Humain et de la Terre

Retour sur la première projection de notre série documentaire

François Lusseyran, Kaori Kinoshita et Alain Della Negra répondent aux questions du public lors de la première parisienne à L’Entrepôt.

Sur invitation de la Fondation Paul Coroze et de la Société anthroposophique en France, environ 70 personnes se sont rendues le matin du 10 mai à L’Entrepôt, un cinéma d’art et d’essai bien connu des Parisiens, pour la projection de trois des quatre films documentaires réalisés par les cinéastes Alain Della Negra et Kaori Kinoshita. À l’origine du projet, on trouve la volonté du conseil de donner plus de visibilité aux champs professionnels que la Fondation cherche à soutenir, en posant dans le paysage médiatique un témoignage vivant de leur réalité − une façon de contribuer, si possible, à leur pérennité. La concrétisation de cette volonté a été confiée à Alain et Kaori en totale liberté de trouver la forme cinématographique qui puisse au mieux témoigner. L’idée de départ était des mini-séries de 10-20 minutes. Au fil des tournages et du matériel récolté, il a évolué jusqu’à son format actuel d’environ 40 minutes pour chacun des quatre épisodes. Le conseil a découvert le résultat en même temps que les autres invités, parmi eux des professeurs qui apparaissent dans le film.

Kaori Kinoshita en tournage

Fruits de centaines d’heures de travail de contact, repérages et de tournages, les films offrent des immersions sensibles dans le quotidien de professeurs, éducateurs, paysans, artistes, étudiants, élèves, compagnons et jeunes qui ont accepté de se livrer, dans une large fresque qui met l’accent sur la résonance entre des vécus, des lieux, des paysages et des domaines centraux de l’activité humaine, chacun renouvelé à sa façon par les impulsions de Rudolf Steiner. Au-delà de l’identité des intervenants, c’est la profondeur de leur engagement qui rayonne de façon magistrale. Le rythme est comme ralenti par les gros plans des visages de ceux qui s’expriment, les vues larges sur des paysages, parfois somptueux, en contraste avec la fulgurance discrète des juxtapositions révélatrices. Un rythme puissant en résulte, expression de l’âme des situations.

Lors de cette Première, c’est le film sur la biodynamie qui a ouvert le bal, en commençant au centre de formation de Segré. Puis on suit les étudiants pendant leurs stages dans différents types d’agriculture : des fermes en biodynamie de deuxième génération, de petits collectifs de jeunes familles souvent issues de reconversions professionnelles, des éleveurs, des vignerons… On est immergé d’emblée dans la réalité de la terre, glèbe puissamment résistante et matrice des fécondités à venir. On a la joie de voir des personnes en quête de sens qui se soucient de la qualité et du bien-être du sol, des cultures, des animaux, des humains. L’axe est la constitution du domaine agricole, un champ de recherche concret vers une approche globale qui ne peut exclure la dimension sociale et même politique. Pourtant il ne s’agit pas d’idéaliser, et les difficultés s’expriment naturellement. Le travail est intense, les journées sont longues, les revenus pas toujours à la hauteur des risques et des responsabilités qu’engage nécessairement la vie. 

Le film sur la pédagogie Steiner-Waldorf commence à l’Institut Rudolf Steiner, centre de formation continue, puis nous amène dans différentes écoles où certains « étudiants » sont déjà en poste  : Verrières-le-Buisson, la Mhotte, Strasbourg. Les différentes étapes de la scolarisation sont captées par des scènes d’apprentissages, caractéristiques de l’âge concerné. Les images, l’intelligence des moments saisis, laissent une impression de vie jubilatoire. 

On voit de jeunes enfants apprendre à lire et écrire à la manière de la pédagogie Steiner. On suit de jeunes adolescents dans leur confrontation à des conditions de vie d’une autre époque lors d’une classe nature, ou encore des élèves découvrant leur capacité d’expression, en surmontant leur timidité lors d’un projet spectacle sur la chanson française. Les professeurs parlent avec enthousiasme de leur parcours et de leur démarche pédagogique. 

Le troisième film nous plonge d’abord dans l’univers des personnes handicapées et leurs accompagnants, dans des institutions de pédagogie spécialisée, notamment à Beubois (Alsace), Ruzière (Allier) et au Béal (Drôme). On découvre leur vie quotidienne de compagnons en communauté, aux travaux domestiques, à l’atelier de production, dans des loisirs encadrés tels que le chant choral ou la danse, en dialogue entre eux et avec l’éducateur. On découvre les éducateurs, leurs motivations, la richesse de leurs échanges avec les compagnons, la joie et la satisfaction que leur donne ce travail « qui a un sens ».

Suit une intense séquence sur La Clairière en Suisse, où des jeunes de 16 à 24 ans sont accueillis pendant un an, dans une démarche socio-thérapeutique. Le climat est vite tendu, les confrontations font partie du quotidien. On devine que le but est de permettre à ces jeunes d’être présents à leur propre vécu et ainsi de reprendre leur vie en main.

Dans les échanges, à la fin des trois projections, les réalisateurs ont été unanimement félicités. Certaines lacunes ont été mentionnées, des ajouts suggérés. Les réalisateurs ont apporté des éclairages sur les conditions et les contraintes des tournages notamment en lien avec le refus ou au contraire l’acceptation d’être filmé, la longueur des séquences (qui a évolué au cours du projet) et les coupures nécessaires. Le projet est en cours de finalisation. Les films sont destinés à des festivals, des projections locales, en présence des réalisateurs et de protagonistes et à la diffusion gratuite en ligne. Une projection du film sur la pédagogie a eu lieu à la foire ECOBIO d’Alsace, et d’autres sont déjà prévues, dont une à Bourbon l’Archambault. La diffusion des films est maintenant à développer et nous remercions par avance toute personne voyant une occasion intéressante de bien vouloir s’adresser aux réalisateurs : alainetkaori@gmail.com.

Il nous reste encore à découvrir le quatrième film, qui traite des formations artistiques.

Revenons sur ce qui a été la motivation du conseil de la Fondation pour se lancer dans cette aventure de révélation des vécus par l’image, projet délicat dans le contexte actuel de suspicion et d’attaques que subissent les initiatives en lien avec l’anthroposophie. Grâce à son activité de distribution d’aides à la formation, la Fondation Paul Coroze est témoin des difficultés que rencontrent certaines formations du fait d’un renouvellement trop faible des promotions d’étudiants. Face à cette évidence, le conseil de la Fondation a souhaité contribuer à une meilleure perception de la réalité offerte par les initiatives anthroposophiques. En choisissant Kaori Kinoshita et Alain-Michel Della Negra, cinéastes de talent et de confiance, nous pouvions nous en remettre à leur perception. Nous avons rapidement validé leur intention de faire un pur témoignage sans visée didactique. 

Le budget initial de 50 000 € est encore en évolution. La Fondation avait lancé des appels à dons, puis une campagne de financement participatif à l’intention des particuliers, qui est toujours ouverte. Nous remercions tous celles et ceux qui ont déjà soutenu le projet, y compris par leur soutien moral. Nous remercions tout particulièrement Arcadie, entreprise basée dans le Gard, la Humanus-Stiftung, une fondation anthroposophique bâloise, et la Software AG-Stiftung, une fondation allemande, pour leur soutien financier important. Le partenariat avec la Société anthroposophique en France (SAF) a été très précieux tant pour la réflexion sur la nature du projet que pour la promotion de la Première. Nous remercions vivement Louis Defèche qui a dès le départ coporté le projet et fait le lien avec le comité de la Société anthroposophique en France.

François Lusseyran et Jonas Lismont