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Lettre ouverte aux amis de la Fondation

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Editorial: Le don et le pardon

L’emprise de l’économie sur toutes les sphères de vie de l’humanité est un fait très généralement reconnu, qu’on s’en félicite ou qu’on s’en alarme. Il s’agit d’une orientation lourde qui n’a rien de fortuite. Rudolf Steiner l’avait parfaitementidentifiée dès 1919 : « La volonté de laisserprévaloir le système économique est inscrite en caractères indélébiles dans l’évolution humaine. Il faudra donc employer des forces puissantes pour provoquer un revirement de cette tendance. Vous devez penser à la première étape de ce nouveau chemin. Nous devons émanciper la vie spirituelle. Elle doit être organisée suivant des bases qui lui soient particulières. (…) Toute l’instruction, depuis les classes primaires jusqu’au plus haut degré, doit être dissociée de la vie de l’État (1), elle doit également se développer en dehors de toute arrière-pensée économique (2). »

La solution proposée, à savoir une véritable indépendance de la sphère culturelle, ne semble toujours pas à portée de main. À cela au moins deux raisons. L’absence de confiance toujours plus marquée dans la créativité libre de l’être humain d’une part, qui s’allie, d’autre part, à une volonté toujours plus insistante d’une régulation comptable du monde. Ce sont deux conséquencesd’une même cause : la vision mécaniste du monde. « … Le monde deviendrait, dans ces conditions,une énorme machine comptable. Il serait administré comme une sorte d’usine. Que deviendraient les capacités et les valeurs individuelles, celles dont l’organisme social se nourrit si, à la place du trône et de l’autel, on voyait s’installer le bureau, l’usine et la machine ? S’il devait en être ainsi, les capacités et les valeurs individuelles dépériraient, elles seraient frappées de paralysie (3) ». Il ne s’agit bien sûr pour R. Steiner ni de réinstaller la puissance du trône, ni le pouvoir de l’autel.

Heureusement, simultanément à cette perte de vie, les manifestations individuelles se renforcent dans bien des domaines de la société civile et même dans la sphère des États. L’existence des fondations ou des ONG laisse une porte ouverte à l’initiative libre. À ce niveau, le don, même incitéfiscalement, émerge comme acte essentiel.

Dans son essence, le don dépasse largement le rôle de soupape de rééquilibrage d’une économie qui ne sait pas trouver mécaniquement un équilibre des richesses. Il est l’une des formes constitutives du fonctionnement d’une économieet d’une finance saines. Et même au-delà, l’unedes composantes inséparables de notre maintien personnel et collectif dans l’humanité.

On doit à Michel Serres une réflexion approfondie sur un lien déjà établi par la langue française elle-même : don et pardon venant tous les deux du latin « donare » et « perdonare » (4). On retrouveune connotation très voisine en anglais avec « to give » et « to forgive » de même qu’en allemandavec « geben » et « vergeben ». Servons-nous de cette parenté, pour placer le don à sa valeur, encherchant ce que peut signifier ne pas pardonner,c’est-à-dire céder à la vengeance, comme on peut le vivre de façon extrême dans le drameThyeste de Sénèque. On mesure alors combien la loi du Talion, exprimée dans l’Antiquité judaïque et grecque, a pu représenter un premier pas de modération dans l’histoire de la civilisation occidentale. Mais, au-delà de ce premier pas, 2000 ans après le nouvel apport central du Christ sur le pardon, on constate plus que jamais, qu’être hors du pardon, c’est abandonner toute possibilité d’humanité. Dans cette perspective, que penser d’un idéal social qui aspire à donner la primauté à la loi du marché, c’est-à-dire à une réciprocité la plus mécanique possible pour satisfaire tous les besoins ? Dans cette vision, le don n’est plus qu’un accidentel fruit d’une émotion, considéré au mieux comme un pis-aller et au pire comme une dangereuse source d’aliénation.

Laissons résonner en nous l’idée que le don sur le plan économique est aussi vital et de même nature que le pardon sur le plan de la vie de l’âme. Don et pardon sous toutes leurs multiples formes constituent les ferments nécessaires pour un avenir vivant.

François Lusseyran
Suite à un échange d’idées avec Philippe Leconte

Notes

1. Il s’agit de l’autonomie intellectuelle et financière des acteurs del’enseignement à qui l’état donne le cadre juridique de cette liberté
2. R. Steiner, Les arrière-plans spirituels du problème social – Impulsions du passé et d’avenir dans la vie sociale, ÉAR, 1977, p. 47, GA 190
3. Ibid., p. 49
4. Michel Serres – Le pardon, c’est le don par excellence dans « Le Sens de la vie » sur France Info (22/09/2013)

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Réponses à l’article du Monde diplomatique

En juillet 2018, le Monde diplomatique affirmait dans son article «L’anthroposophie, discrète multinationale de l’ésotérisme» que l’anthroposophie était une doctrine raciste et a pointé du doigt une série d’initiatives et d’institutions qui fondent leur action sur une démarche anthroposophique (voir notre éditorial de décembre 2018). Ces accusations nous semblent complètement déplacées, et nous recensons ici quelques articles qui nous semblent soit y répondre de façon pertinente soit simplement rétablir quelques faits malmenés par le journaliste du Monde diplomatique.

 

COMMUNIQUÉ DE LA SOCIÉTÉ ANTHROPOSOPHIQUE EN FRANCE
Paru le 8 octobre 2018.
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TRANSPARENCE DE L’ANTHROPOSOPHIE
Article d’Uwe Werner, historien, démontrant que l’accusation de proximité entre l’anthroposophie et le nazisme ne tient pas historiquement, et que les initiatives économiques issues de l’anthroposophie n’ont rien d’une multinationale. Paru le 3 août 2018 sur ÆTHER.
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L’ANTHROPOSOPHIE PAR LES FAITS
Article de Louis Defèche, rédacteur au Goetheanum, qui fait le point sur la méthode et les résultats scientifiques des disciplines inspirées par l’anthroposophie, montrant par là que l’accusation de principe de pseudo-scientificité à l’encontre de l’anthroposophie ne tient pas. Paru sur ÆTHER le 2 septembre 2018.
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ADEPTE OU INSOUMIS?
Article de Philipp Reubke, pédagogue, qui explique pourquoi celui qui s’inspire de la pédagogie Steiner-Waldorf est plus lui-même un créateur de méthodes pédagogiques qu’adepte d’une méthode prédéfinie. Paru sur ÆTHER le 26 août 2018.
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L’ANTHROPOSOPHIE EN DÉBAT
Lettre ouverte de Françoise Bihin, prêtre de la Communauté des chrétiens, à Jean-Baptiste Malet, auteur de l’article du Monde diplomatique. Paru le 2 juillet 2018 sur ÆTHER.
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L’anthroposophie est-elle une secte ?
Article de Guillaume Lecaplain pour Libération CheckNews, paru le 30 octobre 2018.
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Lettre ouverte aux amis de la Fondation décembre 2018

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Chers amis de la Fondation,

L’été 2018 a été chaud à plus d’un titre : sans craindre le ridicule, Le Monde diplomatique affirmait en juillet que l’anthroposophie était une doctrine raciste et a pointé du doigt une série d’initiatives et d’institutions qui fondent leur action sur une démarche anthroposophique (1). La Fondation n’a été visée par aucune des attaques dont l’anthroposophie a été la cible, mais nous nous sommes sentis concernés. Ne serait-ce que parce qu’une des initiatives que nous avions soutenue, la création de l’école d’eurythmie Intervalles, a été la victime directe de ces attaques.

Mais exerçons la positivité et voyons le bon côté des choses : la diffusion de ces caricatures a amené des représentants d’institutions anthroposophiques à réfléchir aux possibles suites à donner à ces accusations. Plus en général, elles réveillent chacunde nous en ce qu’elles nous obligent à réfléchir ànotre propre rapport à l’anthroposophie.

Ainsi, nous souhaitons réaffirmer ici l’évidence :nous nous distancions sans ambiguïté de toute interprétation raciste de l’œuvre de Rudolf Steiner. Cette œuvre fondatrice de l’anthroposophie est, à nos yeux, basée sur le respect et l’amour de l’autre sans discrimination, engagée pour une humanité plus fraternelle dans sa diversité et vigoureusement opposée aux idéologies mortifères du racisme et du repli national. Nous nous distançons ainsi radicalement de tout individu qui défendrait des thèses racistes ou nationalistes, qu’il se réclame ou non de l’anthroposophie.

L’autre pilier de l’attaque du Monde diplomatique contre l’anthroposophie concerne le dogmatisme, que nous récusons. L’anthroposophie que nous cultivons ne consiste pas seulement en un ensemble de connaissances qu’il s’agirait d’accepter sans travail individuel, mais en une recherche d’un nouveau rapport au monde adapté à notre époque. Ce nouveau paradigme est élaboré chaque jour par tous ceux qui font face en tant qu’êtres responsables et conscients d’eux-mêmes aux enjeux actuels de la crise écologique, des injustices sociales et de la perte de sens et d’orientation intérieurs. L’expérience individuelle et la recherche sans cesse renouvelée de la compréhension des différents points de vue et de la signification de leur portée font partie intégrante de sa méthode de recherche. Une indication émanant de cette recherche, même si elle provient de Rudolf Steiner, fondateur historique de l’anthroposophie, doit être considérée comme un nouvel éclairage face auquel on doit pouvoir se positionner librement.

L’été a aussi été rude en ce qu’il nous a enlevé plusieurs personnalités qui avaient un lien à la Fondation, en premier lieu notre ancien président et président d’honneur, François Jordan. Nous lui rendons hommage dans ce numéro, dont une large partie est par ailleurs consacrée au rapport annuel 2017.

François Lusseyran, Président Jonas Lismont, Trésorier adjoint

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(1) Jean-Baptiste Malet, « L’anthroposophie, discrète multinationale de l’ésotérisme», Le Monde diplomatique, juillet 2018. Remarquons que d’autres médias ont fait preuve de plus d’équilibre dans leur analyse sur l’anthroposophie, voir notamment : Guillaume Lecaplain, « L’anthroposophie est-elle une secte ? », version en ligne de Libération, 30 octobre 2018

Documentaire : Une journée au Foyer Michaël

Depuis plus de 40 ans, le Foyer Michaël offre aux jeunes une formation aux fondements de l’anthroposophie. Il est actuellement situé au centre de la France, près de Moulins-sur-Allier. Il est né en 1970 d’une initiative de la Fondation Paul Coroze.

Lettre ouverte aux amis de la Fondation Juin 2018

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Nous nous réjouissons de vous présenter une nouvelle Lettre ouverte. Elle est traversée par un souffle d’ouverture au monde. L’éditorial de notre président, François Lusseyran, jette un regard sur la place passée et à venir de la Fondation dans le paysage anthroposophique français. Suivent un article intitulé « Actéon, une école ouverte sur le monde » qui présente et donne des nouvelles de cette merveilleuse école de théâtre qu’est Actéon, le récit d’une rencontre de la Fondation Paul Coroze avec d’autres fondations européennes et le témoignage d’une ancienne boursière sur son engagement dans une association de la pédagogie de l’urgence créée il y a 10 ans en Allemagne par des personnalités issues du milieu de la pédagogie Steiner-Waldorf, stART international.

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Formation en biodynamie: Voyage de fin d’études en Écosse

Après deux années très intenses et riches de la formation du Mouvement de l’agriculture biodynamique en France, les stagiaires ont effectué un voyage d’étude en août dernier. Ce voyage fut un moment fort de leur formation et ils ont souhaité remercier les donateurs de la Fondation qui ont largement participé à la réussite de ce voyage beau et formateur.

Photo de groupe des étudiants. Image issue du rapport de leur voyage.

En cinq jours, les étudiants ont fait la connaissance de plusieurs initiatives en Écosse qui font vivre, chacune à leur façon, l’agriculture biodynamique. Au-delà de la pratique paysanne, les rencontres et échanges ont souvent porté sur les formes sociales que les communautés peuvent prendre autour de la ferme comme lieu de production et de transformation de la nature.

Ainsi, le Campill de Loch Arthur comprend deux fermes dans lesquelles travaillent les habitants de tout le Camphill, c’est-à-dire de tout le village. La production des deux fermes alimente la trentaine d’habitants répartis dans sept maisons, en plus de la vingtaine de jeunes volontaires qui viennent chaque année passer entre six mois et un an sur le lieu. Chacun a sa place dans le travail quotidien, dans l’agriculture ou dans les autres tâches, ce qui donne confiance en soi et en l’autre. Autre particularité de cette communauté: le montant des rémunérations est laissé à la libre appréciation de chacun, qui le choisit en fonction de ses besoins et de ceux des autres personnes.

Parmi les autres lieux et nombreuses personnes rencontrées, un autre endroit marquant fut le Pishwanton Institute (The Life Science Trust), une institution de recherche, d’expérimentation et d’enseignement sur l’architecture, le paysage et l’approche goethéenne.

Au pied des collines de Lammermuir
Entre landes et plaines fertiles
Partager, observer et s’enfuir
Du monde et de sa prison futile

Les genêts, les bouleaux, la callune
Offrent leurs teintes subtiles aux bâtisses
Qui s’intègrent discrètes au rideau
De nature, qui leur sert de calice

Les formes se répandent dans l’espace
Nous suivons dans notre marche les bordures
Le temps indolent laisse sa trace
Jusqu’à sublimer les moisissures

Partout les gnomes sortent de Terre.
Les ondines esquissent un mouvement,
Que les fées reproduisent dans l’air,
Portant le feu jusque dans les champs.

(Un stagiaire)

Lire le rapport complet des étudiants sur leur voyage.

Lettre ouverte décembre 2017

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Éditorial

Beuys, Joseph
Art = Capital, 1979-1984
Object with fire extinguisher
116 x 75 x 25 cm (45 x 29 x 9 inches)
Hall Collection. Courtesy Hall Art Foundation
Photography: Mark-Woods.com

« Art = Capital », peut-on lire sur plusieurs œuvres d’art de Joseph Beuys présentées dans la rétrospective actuellement consacrée à l’artiste au musée d’art contemporain d’Anvers. Pour cet artiste allemand qui a profondément marqué l’art de la deuxième moitié du XXe siècle, notre conception de l’art devrait être considérablement élargie et dépasser le cadre que nous lui attribuons habituellement. L’art ne se limite pas à la création d’artefacts ou de « moments » artistiques par des artistes attitrés, mais comprend toute activité sociale novatrice.

Pour Beuys, l’art n’est pas le seul concept qui doit être élargi. La compréhension de l’économie également doit être vue de façon plus globale. Dans leur essence, l’école, ou l’université, doivent être considérées comme des lieux de production (de capacités, d’idées) au même titre que les usines qui transforment les produits de la nature. Car, très concrètement, la créativité, les idées et les capacités développées dans ces lieux sont la base indissociable de cette économie que nous restreignons trop souvent à la création de valeur marchande immédiate. Ainsi, pour Beuys, la créativité peut être vue comme un capital.

Sans vouloir les y réduire, nous sommes convaincus que les chemins individuels de formation que vous soutenez par l’intermédiaire de notre Fondation peuvent s’inscrire, chacun à sa manière, dans ces compréhensions élargies de l’art et de l’économie, que ce soit dans des spécialisations en agriculture, en pédagogie, dans les arts de la scène ou les arts plastiques ou encore pour une formation générale comme celle proposée par le Foyer Michaël. Ces chemins de formation et ces enseignements ont en effet ceci de commun qu’ils cherchent à vivifier l’artiste qui sommeille en chacun et qui pourra aborder les différentes disciplines avec une créativité et une compréhension originales et irremplaçables pour répondre aux besoins rencontrés dans ces domaines. Par ce biais, c’est la vie sociale dans son ensemble qui peut être renouvelée en profondeur.

Dans ce numéro, nous vous proposons en particulier deux témoignages de l’année d’approfondissement en peinture au Foyer Michaël ainsi qu’un retour sur le voyage des stagiaires biodynamistes en Écosse l’été dernier. Nous incluons également une information pratique pour aider les étudiants à trouver des aides financières auprès d’autres fondations anthroposophiques en Europe. À la fin de ce numéro, vous trouverez les messages des donateurs et boursiers ainsi qu’un appel aux dons.

Nous vous souhaitons une bonne fin d’année !

Pour le Conseil d’administration,
Jonas Lismont

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Se former en agriculture biodynamique : Soigner la terre et les hommes

Depuis plus de 25 ans, la formation française diplômante en biodynamie accueille à Obernai (68), et depuis 2014 aussi à Segré (47), de futurs paysans et paysannes à la recherche de savoir- faire et du savoir-être pour soigner la terre et les hommes. Un article paru dans notre Rapport Annuel 2016.

Stagiaires du BPREA d’Obernai. Photo : MABD

Une formation qualifante pensée et conduite par des paysans

Cette formation est née d’une initiative de paysans biodynamistes qui accueillaient déjà des stagiaires sur leurs fermes dans un cadre non formel. La nécessité d’une structure pouvant offrir un statut of ciel aux personnes engagées et le déploiement d’une pédagogique adaptée a réuni tous ces paysans autour d’un projet ambitieux et digne de leurs efforts, celui de créer une formation diplômante à la biodynamie. Ils ont alors déployé beaucoup d’énergie pour faire naître la formation qu’ils auraient souhaitée pour eux-mêmes. De nombreuses réunions ont eu lieu pour la formation des formateurs au travail de groupe, à ce que signi e la formation d’adultes et aux approches pédagogiques. Le Brevet Professionnel Agricole (BPA) a vu le jour en 1990, en collaboration avec le Centre de Formation Professionnelle Pour Adultes (CFPPA) d’Obernai. En 2006, la formation a évolué vers le Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole (BPREA) polyculture élevage adapté à la biodynamie, diplôme nécessaire pour s’installer en tant qu’agriculteur et pouvoir prétendre aux aides à l’installation.

Acquérir un regard conscient sur le vivant

Dès le commencement, les orientations pédagogiques de la formation sont décidées par un collège composé de paysans et de formateurs dans le but de proposer un cursus complet alliant les bases scienti ques et les savoir-faire techniques agricoles à une approche phénoménologique de la nature et du vivant pour favoriser la naissance d’un regard conscient sur le monde. Des pratiques artistiques viennent compléter cette formation pour lui inspirer un souf e vivant, et pour lui apporter la nourriture du cœur. Et en n, les deux périodes de stage dans des fermes en biodynamie offrent une possibilité d’exercer ce qui a été acquis pendant les cours théoriques.

La formation respire au rythme des saisons : les quatre mois de cours théoriques qui ont lieu au centre de formation en hiver sont ponctués de sept mois de stage sur le terrain en production végétale (maraîchage, grandes cultures ou plantes aromatiques et médicinales) et en production animale (élevage laitier ou allaitant), et cela sur deux ans. Les maîtres de stage se rencontrent trois fois par an pour échanger sur la pédagogie mise en œuvre sur les fermes, et sur les difficultés qui peuvent survenir pendant les stages.

Au cours de ces deux années, la formation permet à chaque stagiaire de développer une relation personnelle tant avec le monde animal que le monde végétal, indépendamment de leurs projets d’installation respectifs. En effet, même un maraîcher ou un céréalier doit connaître la réalité de l’éleveur, avec qui il travaillera sûrement, pour tendre à la constitution d’un organisme agricole à l’échelle de sa ferme ou bien à une échelle plus large, offrant par la présence de l’animal une fertilité durable à la terre.

Changer le visage de la société

La question de l’argent et du financement est aussi étudiée et expérimentée pendant la formation, notamment par une caisse commune de solidarité, alimentée par les maîtres de stage et gérée par ces derniers et les stagiaires. Cet outil permet non seulement de répondre aux besoins annexes de la formation mais offre aussi un support pédagogique concret pour étudier le rapport à l’argent et sa gestion collective.

Stagiaires du BPREA d’Obernai. Photo : MABD

Par ailleurs, la formation met l’accent sur l’aspect social et sur la connaissance de soi, puisque l’homme d’aujourd’hui est porteur de l’humanité en devenir. Son attitude intérieure et extérieure sert de véritable levain pour cette humanité. Cet aspect est d’autant plus important que la majorité des ruptures sur les fermes ne sont pas dues à des difficultés économiques ou techniques mais à un manque de savoir-être dans la collectivité.

S’il fallait choisir une qualité avec laquelle l’équipe pédagogique souhaiterait voir repartir les stagiaires, ce serait des sens plus développés, une capacité d’observation accrue : une façon de regarder le vivant, les végétaux, les animaux permettant d’agir ensuite en conscience en respectant ces êtres.

Nombreux sont ceux qui se tournent aujourd’hui vers l’agriculture avec un idéalisme fort, une conscience écologique marquée et la ferme ambition de changer le visage de la société, de relocaliser l’économie, de proposer une alimentation saine et de qualité, de mettre en pratique une autre agriculture, au service de la terre. Cette formation crée pour tout chercheur de vérité un espace qui va dans ce sens, où l’émergence d’une véritable connaissance est possible pour se situer activement, en tant qu’être humain libre, dans une société complexe.

Maryna Bogdanok et Martin Quantin

À propos du BPREA

Le Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole (BPREA) est la seule formation française diplômante en biodynamie. Le BPREA est coordonné par le Mouvement de l’Agriculture Biodynamique (MABD) en collaboration avec le Centre de Formation Professionnelle Pour Adultes (CFPPA) d’Obernai (68) et, depuis 2014, le Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricoles (également CFPPA !) de Segré (47).

Plus d’informations :

www.bio-dynamie.org/formations/formations-diplomantes/

Rapport annuel 2016 – Éditorial

Lire le rapport annuel (PDF)

Depuis ses débuts, l’anthroposophie a fait l’objet de caricatures. Rudolf Steiner soulignait déjà que les critiques de l’anthroposophie se basent souvent sur une déformation du propos, pour ensuite mieux le critiquer et même tenter de le compromettre. Bien que cette volonté de dénigrement soit visiblement toujours d’actualité, les expressions courageuses reconnaissant la pertinence de réalisations issues de l’anthroposophie sont également nombreuses1. Elles constituent un précieux encouragement pour les formations professionnelles auxquelles la Fondation Paul Coroze facilite l’accès.

Une fréquentation authentique de l’œuvre de Rudolf Steiner permet de déceler facilement l’incohérence de fond des accusations de sectarisme à son encontre. Mentionnons à ce sujet un bel article de Raymond Burlotte qui remet en perspective de façon libératrice les accusations infondées et répétitives de racisme à l’encontre du fondateur de l’anthroposophie2.

Pour prendre conscience du fondement qui anime les auteurs de ces réalisations, nous partageons avec vous dans ce rapport annuel un témoignage et un article montrant la diversité des démarches qui inspirent les engagements professionnels soutenus par notre institution. Car ce que nous soutenons par notre action, c’est bien le renouvellement vivant des approches dans sphère agricole, pédagogique, médicale, artistique, entre autres, sur la base d’une expérience et d’une

ouverture au monde, telle que celles que l’on peut ressentir en approfondissant l’anthroposophie en vue de l’action dans le monde. Il suf t de lire ces témoignages, ou mieux encore, de rencontrer les étudiants et les projets qu’ils portent pour se rendre compte de la pertinence et de l’actualité de ce que soutient la Fondation.

Dans ce numéro, vous trouverez également les rapports moral et nancier de notre organisme pour l’année 2016. Nous avons essayé d’y donner une image vivante de la réalité sociale et nancière. Il y a lieu de se réjouir, car le cercle des donateurs s’est signi cativement agrandi sur cette période. Que ce soit l’occasion d’adresser nos remerciements chaleureux à tous celles et ceux qui ont manifesté leur confiance par leurs dons, et plus particulièrement à celles et ceux qui, de béné ciaire, ont fait le choix de devenir, à leur tour, donateur.

Nous vous souhaitons un très bel été et une agréable lecture !

Pour le Conseil d’administration,
François Lusseyran et Jonas Lismont

1. Récemment parmi bien autres exemples : ‘Bulle en biodynamie’, QUE CHOISIR Nr 554, Janvier 2017, p. 7

2. Raymond Burlotte, Alors… raciste ou le contraire ? (Lire ici)

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Retour sur la Journée du Cinquantenaire

Nous sommes heureux de vous adresser quelques échos de la journée du 2 juillet dernier, au cours de laquelle nous avons fêté, avec certains d’entre vous, donateurs, étudiants, représentants d’instituts de formation, amis, les 50 ans de l’impulsion de la Fondation Paul Coroze.

C’est avec joie, reconnaissance et fierté que nous jetons un regard rétrospectif sur cet événement : joie et reconnaissance de vous avoir rencontrés, fierté d’avoir pu offrir un cadre permettant à autant d’âmes lumineuses et engagées de s’exprimer. Car, si notre action quotidienne semble limitée à une solidarité matérielle et financière, certes indispensable, son fondement est notre capacité à favoriser, au présent et dans le futur, des liens avec et entre étudiants, donateurs-donatrices, formateurs et, au-delà, avec nos contemporains. Ce fut le cas en ce beau 2 juillet.

Accordons nos violons
« de 45 »

En ouverture de la journée, nous avons été heureux de revoir François Jordan, figure tutélaire de la Fondation. Successeur de Simonne Rihouët-Coroze et pendant 40 ans président, il fut, avec un sens politique fin et droit, la cheville ouvrière du laborieux processus de la reconnaissance d’utilité publique, obtenue en 1972.

Ensuite, Pierre Della Negra a partagé avec l’assemblée ses souvenirs des débuts de la Fondation Paul Coroze et notamment ceux liés à la personnalité de Mme Coroze. Une personnalité qu’il perçut comme exceptionnelle, en particulier dans son aptitude à reconnaître le geste propre à chacun, mettant ainsi bien des jeunes en chemin sur leur propre voie. Hélène Oppert a conforté cette image par ses propres souvenirs et remercié la Fondation d’avoir été un partenaire vital pour le développement de l’Eurythmie en France.

En tant qu’actuel président, François Lusseyran est revenu sur la « préhistoire » de l’institution pour évoquer le contexte intellectuel de la décennie qui a précédé la création de la Fondation. Il s’est appuyé sur les articles des premiers numéros de la revue Triades éditée par Mme Coroze depuis le printemps 1953. Les auteurs de ces articles questionnaient en effet avec insistance l’image de l’homme et du monde, matérialisée depuis le XIXe siècle par la culture technoscientifique. Nous ne ferons ici que nommer Paul Coroze, dont l’humanisme, engagé dans le monde d’alors et profondément porté par l’anthroposophie, légitime, par-delà son legs matériel, le patronyme de notre fondation. D’autres membres du Conseil d’administration ont ensuite fait l’état des lieux de la Fondation, Maryse Rouzès, pour ce qui est des bourses, Jean S. pour l’immobilier et Jonas Lismont pour la communication.

La suite de l’après-midi a été consacrée à des interventions très encourageantes des représentants de plusieurs formations et partenaires :

René Becker, secrétaire général de la Société anthroposophique en France, laquelle a récemment pris l’initiative d’une rencontre entre nos deux institutions, regardant résolument vers l’avenir pour l’incarnation de l’anthroposophie en France, dans le XXIe siècle ; Raymond Burlotte a parlé de l’Institut Rudolf Steiner, centre de formation de professeurs à la pédagogie Steiner-Waldorf. Il a souligné le rôle capital de Simonne Rihouët-Coroze : elle savait regarder au-delà des êtres, avait la faculté de créer à partir de rien ; bon nombre des institutions anthroposophiques actuelles existent grâce à elle. Il a également décrit l’Institut Rudolf Steiner comme un fleuve parcouru par le flux des générations qui perçoit sa mission de formation notamment dans la capacité à remettre en mouvement, à retrouver et faire retrouver l’enthousiasme face au monde, afin d’éveiller la faculté d’éduquer ; Isabelle Dupin, co-responsable de la formation en pédagogie Didascali, a, quant à elle, insisté sur la nécessité pour les pédagogues de pouvoir porter un regard nouveau sur les besoins pédagogiques liés à une époque, à un lieu et à une institution, au-delà même du lien explicite au mouvement des écoles Steiner-Waldorf. Elle a également présenté la nouvelle formation universitaire conjointement organisée par Didascali et l’université d’Avignon, qui permet l’obtention d’un Diplôme Universitaire intitulé « Acteur social en éducation artistique et culturelle ». Ce module de formation fait, cet automne, l’objet d’une restructuration ; Wilhelm Queyras, fondateur de l’école de théâtre Actéon, qui se fait actuellement une belle place dans le milieu de la scène, a partagé avec enthousiasme l’efficacité de plus en plus reconnue dans le monde du théâtre des méthodes tirées du Cours aux acteurs de Rudolf Steiner ; Clément Birckel du Mouvement de Pédagogie Curative et de Sociothérapie a ensuite montré que la formation attirait de plus en plus d’étudiants parce qu’elle propose de travailler sur une image de l’être humain profondément fondée, possibilité qui manque souvent dans les formations aux métiers d’accompagnement curatifs. Cette formation effectue actuellement des démarches pour obtenir une reconnaissance d’État. Marie-Ange Ghesquière a donné des nouvelles des deux formations en biodynamie qui permettent d’obtenir le BPREA, Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole. Le coût de cette formation est pris en charge par l’État. Lucien Defèche et James Della Negra ont, à leur tour, présenté l’année de formation de base du Foyer Michaël, en le décrivant comme un espace où la rencontre des autres se fait par l’art, par le cœur, où l’on apprend le courage d’échouer pour se relever aussitôt.

Enfin, la vie de l’Eurythmie en France a été présente grâce, bien sûr, aux précieux et touchants « intermèdes » généreusement offerts par l’Union pour l’Eurythmie, le groupe Fontaine animé par Marie-Claire Couty et par les étudiants de Maria Weulersse. Elle a aussi été présente à travers celles qui l’enseignent au quotidien : Maria Weulersse a évoqué sa contribution eurythmique à la nouvelle « deuxième année » du Foyer Michaël, en caractérisant l’impact biographique de cette formation – « devenir plus fort en devenant plus sensible » ; Jehanne Secretan a rappelé les efforts déployés avec persévérance pour maintenir une formation à Chatou ; Praxède Dahan a annoncé l’ouverture de l’école d’eurythmie Intervalles, à Arles, la première promotion comptant déjà au moins 12 étudiants, venus des quatre coins du monde, pour une formation bilingue français-allemand à temps plein. Quatre de ces étudiants sont issus de la formation de Maria Weulersse évoquée ci-dessus.

Le soir du 2 juillet ainsi que le lendemain, les étudiants du Foyer Michaël ont offert un magnifique cadeau aux participants avec la représentation de la comédie musicale véritablement emblématique La Quête, inspirée de la mise en scène de L’Homme de la Mancha de Dale Wasserman, adaptée en français par Jacques Brel. L’engagement, l’audace, la joie dans l’action, la finesse des émotions exprimées et le talent des jeunes acteurs et chanteurs ont profondément touché et enthousiasmé les spectateurs. Ils ont donné là une preuve tangible de cette « efficacité » de l’anthroposophie dont avait parlé Wilhelm Queyras.

Nous sommes très  reconnaissants d’avoir pu célébrer cet anniversaire avec un tel rassemblement de forces vives liées au mouvement anthroposophique en France. La centaine de participants a pu se faire une image vivante du chemin parcouru depuis 50 ans, de sa réalité présente et voir se dessiner l’avenir. L’ambiance générale à l’issue de cette perception mutuelle était au rassemblement des énergies.  Réjouissons-nous de ces synergies qui renforcent l’activité de formation en France aux métiers issus de l’anthroposophie, que la Fondation s’efforce de soutenir. Quel beau moment, merci à vous tous !