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Bruno Denis (1934 – 2024)

Bruno Denis en 1959

Bruno Denis (1er novembre 1934 – 31 août 2024) fut diplômé de l’École Centrale de Paris en 1959. Il épouse en 1961 Marie Gervais de Rouville, de famille protestante comme lui. Ils auront quatre enfants. Il rejoint en 1962 l’entreprise textile familiale à Fontaine-Daniel, Toiles de Mayenne, qu’il dirigera une trentaine d’années à partir de 1971. En même temps, de 1977 à 2008, il fut maire de sa commune, Saint-Georges-Buttavent.

Bruno Denis a rejoint le conseil de la Fondation Paul Coroze en 1984. De 1991 à 2002, il y a exercé les fonctions de trésorier adjoint (1991-2002), puis de trésorier (2003 à 2013). Pendant ce temps il avait développé lui-même un logiciel comptable pour la Fondation. Il resta membre du conseil jusqu’en avril 2022, avec une interruption de fin 2014 à 2019, et membre de la Commission bourses et prêts jusqu’à ses

derniers jours. De 2001 à 2013, il a aussi été trésorier de la Société anthroposophique en France.

La collaboration de Bruno fut très précieuse à François Jordan. Combien de fois n’avons-nous pas entendu, lorsque François égrenait les travaux des jours à son bureau : « Vendredi : Bruno vient faire les comptes ! »

Bruno Denis apportait au conseil un réalisme pratique joint à un profond idéal spirituel ancré dans l’anthroposophique.

Bruno Denis en 2023

Trois personnes de notre conseil ont pu assister à ses obsèques, célébrées dans la petite chapelle catholique désacralisée de Fontaine- Daniel que son père Jean Denis, lui-même protestant, avait fait construire pour les ouvriers de l’entreprise familiale. Il régnait une ambiance de solennité et de simplicité, à l’image de la personnalité terrestre et spirituelle de Bruno qui œuvra à nos côtés pendant quatre décennies.

Bruno comptait aussi parmi les généreux donateurs de notre Fondation.

Appel aux dons | Avent 2024

Entre ténèbres et lumière

Fête de Saint-Martin au Foyer Michaël

Au début du mois de novembre, chaque année, les Celtes pressentaient autour d’eux la présence des êtres défunts, leurs ancêtres, leurs compagnons de vie partis pour l’au-delà,
c’était la fête de Samain.

La tradition chrétienne a perpétué cette commémoration par la fête de la Toussaint et le jour des Défunts qui la suit. Et certes une sensibilité attentive peut ressentir la subtile présence en sa conscience d’êtres auxquels la vie l’avait liée, instaurant un échange ténu, le fil du souvenir accompagnant l’âme dans son chemin de l’au-delà. L’âme monte sur les voies de l’esprit. Dans les ténèbres de la saison d’hiver paraît bientôt la lueur d’une chaleureuse intériorité, le creux de l’hiver, le solstice d’hiver, balançant entre ténèbres et renouveau de la lumière, la naissance de l’enfant intérieur, assurant les conditions d’une évolution bienveillante.

Ainsi nous trouvons-nous entre Toussaint et Noël dans un temps suspendu où, se dégageant de la terre, les âmes et l’âme de chacun perçoivent l’espérance d’une confiante et pacifique évolution.

Dans cette pensée, nous vous souhaitons à tous et à toutes de sereines journées au tournant de cette année. 

>>feuilleter l’Appel aux dons en entier<<

 

 

Évelyne Guilloto
secrétaire du conseil

Témoignage

J’étais à un moment dans ma vie où je ne savais que faire – j’étais comme perdue. Et puis, une formation s’est présentée à moi, un master en éducation Waldorf, à Stuttgart, là où Steiner s’est adressé aux premiers enseignants, dans la première des nombreuses écoles qui ont suivi. J’ai dit oui, de tout mon être, à ce chemin. Une grande porte s’est ouverte à moi et je me sentais portée par une vague. Très vite, de l’aide et du soutien sont venus à moi. Notamment, la Fondation Paul Coroze m’a soutenue financièrement dans la réalisation de cette envie qui, depuis ma jeunesse, était de travailler avec des enfants tout en faisant de ma vie un chemin de pratique spirituelle.

Steiner disait que chaque enseignant doit réveiller en lui ses capacités créatives endormies, et, au travers de la formation, j’ai vu cela éclore. Mes journées étaient remplies d’étude de textes, de chant, d’eurythmie, de peinture, de discussions engagées, de partage, de liens, d’apprentissage, de poésie, de beauté… Le tout avec un groupe international, de beaucoup de nationalités différentes. Cela rendait l’expérience encore plus riche et nous amenait à nous pencher sur la question de comment travailler avec les idées et principes de l’éducation Waldorf dans le reste du monde sans imposer une culture. Notre réponse fut : l’adaptation !

Me voilà formée, remplie d’énergie et engagée dans le monde pour offrir ce réel cadeau d’éducation aux petits êtres qui séjournent sur terre tout en continuant d’évoluer moi-même.
J’ai un poste en vue en Écosse.

Je tiens à exprimer ma gratitude à tous ceux qui permettent à des jeunes, comme moi, de choisir une formation anthroposophique. Merci !

 

 

Image 1 : Yasmine Khan, crédit photo Christopher Latini. Image 2 : Image Yasmine Khan et Hannes Wegener, crédit photo Yasmine Khan

Appel aux dons | Juillet 2024

Chers amis de la Fondation,

En 2023, la Fondation a modifié la période de son exercice comptable pour l’harmoniser avec celui du Foyer Michaël, qui suit l’année scolaire, soit du 1er septembre au 31 août.

Dans notre appel à dons d’avril 2024, envoyé par courriel seulement, nous vous avions encore communiqué les chiffres pour l’année civile 2023 : 53 étudiants avaient reçu une bourse ou un prêt de la Fondation Paul Coroze, pour un montant total de 105 250 €, dont 81 000 € sous forme de bourses. En même temps, nous avions reçu pour un peu plus de 51 500 € de dons. 

Voici la situation pour la nouvelle année comptable au 30 juin, donc au terme de 10 mois : 52 476 € de dons (dont 2 015 € pour le Foyer Michaël et 210 € pour notre projet de film documentaire), et des bourses accordées pour 81 345 €, ainsi que 23 000 € de prêts.

Le niveau des dons s’annonce légèrement meilleur que pour 2023, il reste néanmoins faible. C’est pourquoi nous nous adressons à vous en cette période de vacances pour vous rappeler que notre Fondation tire une part significative de ses moyens d’action, au plan financier et au plan moral, de vous, ses soutiens et donateurs. 

Le contexte médiatique est peu favorable aux initiatives anthroposophiques, il y a des groupes bien organisés qui sont à l’affût de toute occasion pour les dénigrer et ridiculiser, et pour calomnier jusqu’à l’absurde la vision du monde qui les sous-tend. Le conseil de la Fondation est d’autant plus reconnaissant aux personnes qui par leur engagement défendent une vision du monde qui inclut la dimension spirituelle, et, c’est le cœur de notre action, aux jeunes qui décident de se former dans cette voie. 

Si l’on regarde du côté des écoles Steiner-Waldorf, on voit que la liste des postes de pédagogue à pourvoir est longue, pour tous les niveaux… Or, le soutien à la pédagogie reste le premier poste des aides de la Fondation ; d’autant plus que les formations pédagogiques acceptent maintenant l’année au Foyer Michaël comme une première année de formation pédagogique.

Tous les étudiants ne font pas appel à la Fondation pour les aider. Certains bénéficient de l’aide à la formation professionnelle. 

De septembre 2023 à juin 2024, la Fondation a soutenu dix-sept étudiants en pédagogie Waldorf, treize étudiants en théâtre, neuf étudiants au Foyer Michaël, sept en arts plastiques et chant, six en eurythmie, deux en biographie et un en biodynamie. Ce furent en tout cinquante-quatre étudiants, une personne ayant opté pour deux formations.

Derrière ces chiffres, il y a des êtres, des émerveillements, de la joie d’être soutenu, comme en atteste le témoignage ci-après de Yasmine Khan. 

Claudia Achour,
avec Évelyne Guilloto et François Lusseyran

Témoignages de deux étudiants

C’est il y a exactement deux ans que vous m’avez accordé un prêt sur l’honneur pour pouvoir financer ma formation « Waldorf Handwork Educators », une formation internationale en ligne pour être professeur Waldorf en travaux manuels – https://www.waldorfhandwork.org.

Il y a quinze jours, j’ai présenté mon mémoire à l’oral et je suis maintenant en train de finaliser mon mémoire écrit.

Un énorme MERCI pour votre aide précieuse !

Cela fut un magnifique parcours, avec des collègues du monde entier. Nous avons étudié le développement de l’enfant de la première à la huitième classe. Nous avons conçu et réalisé plein de projets de travaux manuels pour ces classes. Il nous a fallu montrer de la créativité pour faire des présentations en groupe en ligne sur les tempéraments, les fêtes de l’année ou de petites activités manuelles. Nous avons étudié des textes de Steiner ou d’autres professeurs Waldorf. Nous nous sommes inspirés les uns les autres. Et j’ai appris à utiliser les outils du xxie siècle : Zoom, Powerpoint, Google class, Canvas…

Ce fut un magnifique parcours et je vous remercie de tout mon cœur de m’avoir aidée à faire le premier pas.

Rahel Schenkel

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La Fondation m’a aidé de 2014 à 2017 pour ma formation au Foyer Michaël et mes années de formation d’eurythmie en Europe.

Après deux ans d’eurythmie en France chez Maria Weulersse et à l’ancienne école Intervalles, j’ai fini une deuxième année à l’université d’Alanus en Allemagne. Après cela, j’ai eu besoin de me retrouver moi-même. J’ai arrêté ma formation pendant trois ans, j’ai voyagé, je me suis marié, j’ai déménagé en Argentine et fait différents métiers… agriculteur, maçon, professeur de français dans des écoles Waldorf…

Puis j’ai décidé de finir ma formation d’eurythmie. Et voici que depuis mars 2023 j’ai rejoint l’école d’eurythmie « Escuela de Euritmia de Argentina ». C’est la seule école d’eurythmie en espagnol en Amérique latine.

L’école existe depuis 15 ans mais se trouve aujourd’hui dans une situation délicate. Les cours viennent de reprendre et le nouveau budget vient d’être fait. Le budget complet (qui comprend salaire de professeur, intervenants, loyer de la salle de spectacle, ateliers, visite des parrains du Brésil, etc….) tourne autour de 1900 € par mois. Pour la classe de six élèves que nous sommes, cela équivaut à 316 € par mois par élève.

Or, le salaire moyen était de 300 dollars en novembre 2023, et la situation économique a encore empiré depuis.

C’est pour cela que nous avons choisi de trouver toutes sortes d’alternatives afin de couvrir ce montant.

Certains ont fait des demandes individuelles de bourse à différentes institutions. Nous organisons aussi des visioconférences sur l’anthroposophie en espagnol. Lors d’événements culturels nous vendons des repas, et nous cherchons des fonds auprès de fondations nationales et internationales.

Dorian Romanasco

 

Image : Dorian Romanasco, Photo : Mei Kadic

Image en tête : Travaux et photos de Rahel Schenkel

 

Textes adaptés par C. Achour

Appel aux dons | Pâques 2024

Chers ami.e.s de la Fondation,

En ce début de printemps, nous voudrions vous donner quelques nouvelles de la Fondation.

En 2023, 53 étudiants ont reçu une bourse un prêt de la Fondation Paul Coroze, pour un montant total de 105 250 €, dont 81 000 € sous forme de bourses.

Le tableau ci-dessous donne le détail des aides par discipline.

Avec un peu moins de 51 500 €, le total des dons est resté loin derrière. Nous en remercions d’autant plus les 108 donateurs particuliers, ainsi que les deux entreprises et les trois associations qui nous ont soutenus ! Peut-être que les quelques remerciements ci-après peuvent en motiver d’autres à se joindre à vos efforts. Si tous les remerciements sont une source de joie, certains sont plus élaborés et particulièrement touchants. Nous remercions les deux étudiants qui nous ont permis de redonner leurs témoignages.

Lucie Merguin-Dauvergne (1931-2023)

Lucie Dauvergne, donatrice et amie de la Fondation et du Foyer Michaël, nous a quittés dans la nuit du 7 au 8 avril 2023, dans la nuit du Vendredi au Samedi saints, elle avait 92 ans. Elle a, il y a quelques années, rédigé les grandes lignes de sa biographie dans un texte intitulé « Mon parcours terrestre ».

Lucie Merguin est née à New-York le 29 août 1931, sa mère était originaire de Fribourg, en Suisse, son père était alsacien ; tous deux avaient émigré aux États- Unis dans les années 20, ils revinrent en Europe en 1933, mais se séparèrent alors que Lucie n’avait que 4 ans. Elle ne revit jamais plus son père sauf une fois, la veille de sa mort. Et bientôt, sa mère, souffrant de graves grises d’épilepsie, dut la placer, telle une petite Cosette, déjà en piteux état de santé, en pension dans un petit village, en Suisse, chez des petits- cousins aux revenus modestes. Elle restera chez eux dix ans.

En 1939, la famille emménagea à Vevey. La maison avait le chauffage central, mais, du fait de la guerre, le bois manquait… Lucie avait le sentiment d’être une charge pour cette famille, et nervosité, angoisses et cauchemars l’assaillaient.

Une vieille dame chez qui elle va chercher des œufs la prend en amitié, et ses institutrices l’encouragent. Les belles fêtes religieuses de Noël, Pâques, l’Assomption la réconfortent. Les randonnées et quelques jours de vacances dans les montagnes la régénèrent. Bien que

cultivant une religiosité étriquée, et malgré les rationnements, sa cousine s’occupe bien d’elle.

À la fin de la guerre, on se préoccupa de retrouver ses origines. Elle reçut la nationalité américaine par sa naissance, suisse par ses origines maternelles, et plus tard française par sa naturalisation et son mariage. Cette triple appartenance lui donna un esprit de liberté et d’indépendance qu’elle garda toute sa vie.

À 15 ans, elle quitte la maison de ses cousins pour entrer dans une école ménagère, avant de travailler pendant quelques mois comme jeune fille au pair.

Peinture de Lucie Merguin-Dauvergne, Printemps

En décembre 1949, elle part pour New-York, elle a 18 ans. Elle est généreusement accueillie par des membres de la famille de son père, immigrés eux aussi. Elle travaille dans une riche famille, s’occupe des enfants, car elle doit rembourser son voyage ! Puis elle entre dans une institution pour jeunes filles, où elle découvre une biographie de Goethe qui l’impressionne beaucoup. Elle se procure le livre et le conservera toute sa vie.

Elle se cultive, fréquente les bibliothèques, suit des cours de musique, de littérature, de philosophie. Le jour de ses 20 ans, elle se fait faire son portrait chez un grand photographe !

Une profonde intuition lui permet de ressentir ce qui est juste pour elle, lui évitant des faux pas.

Par l’une de ses relations, elle rencontre la pensée de Rudolf Steiner. Elle s’intéresse aussi pour un temps rosicrucisme, mais des exercises  de mènent à certaines perceptions spirituelles qui la mettent mal à l’aise, aussi mit-elle un terme à ses pratiques.

Lucie Dauvergne à 30 ans

Ayant répondu à une petite annonce, et grâce à ses mensurations idéales, elle fut engagée comme mannequin dans la grande maison de couture Lord & Taylor. Lucie était en effet devenue « un beau brin de fille », elle fit ainsi son entrée dans le monde de la mode et du luxe et garda toute sa vie le goût et l’exigence d’une apparence agréable, d’une élégance sans excès, d’une tenue morale harmonieuse et maîtrisée.

En 1956, à 25 ans, elle rentre en Europe, retourne voir sa famille d’accueil et s’engage dans la société Nestlé, où elle travaillera 10 ans. Elle réfléchit beaucoup, cultive le pardon, réussit à créer une relation d’affection avec sa mère de substitution ; elle s’aperçut alors que cette femme avait elle aussi beaucoup souffert dans son enfance et sa jeunesse.

Plus tard, elle trouva un travail comme secrétaire bilingue dans une société américaine basée à Genève, Sylvania Lightnings, qui s’occupait des installations d’éclairage dans les entreprises. Elle travailla « dans la lumière », en quelque sorte, ce qui correspondait bien à son caractère et à son tempérament. Elle fut bientôt mutée à Paris, où elle fut généreusement accueillie par la famille d’une de ses amies.

À Paris, elle se lia à nouveau à la démarche anthroposophique. Elle fréquenta groupes d’études et conférences et devint membre de la branche Michaël à Paris. Elle se sentait, dans ce courant, parfaitement libre, notion si précieuse pour elle.

Au bout de quelques années, sa société déménagea dans le Val d’Oise, où elle l’a suivie, car elle souhaitait déjà vivre plus près de la nature.

Durant ces années, grâce à plusieurs amis et amies, elle put voyager en France et en Europe, s’intéresser à l’art, suivre des cours de peinture.

Bien que souffrant de nombreux problèmes de santé, elle réussit à se maintenir en assez bonne forme grâce à une saine hygiène de vie.

Après dix années à la société Sylvania Lightnings, elle travailla encore sept ans chez Polaroïd.

En passant en train près de Villers-sous-Saint-Leu, elle vit un panneau sur le toit d’un bungalow niché sous les arbres entouré d’un petit terrain qui était à vendre, elle se hâta de l’acquérir, le prix de l’immobilier était, à ce moment-là, modique ; son rêve se réalisait.

Mais les années qui suivirent furent difficiles, elle dut affronter une grande déception sentimentale et rechercher de nouveaux emplois, ce qui, du fait de son âgé, devenait de plus en plus difficile.

Enfin, par l’intermédiaire d’une amie, elle rencontra celui qui allait devenir son mari, Gilbert Dauvergne, qui était veuf depuis deux ans et s’occupait avec compassion de plusieurs animaux abandonnés. Lucie et Gilbert se marièrent six mois après leur première rencontre, ils vécurent seize ans de bonheur.

Tout en vivant dans la maison de Gilbert, on allait le week-end pique-niquer au bungalow, puis on entreprit de le transformer : le bungalow devint une petite « datcha », on ajouta une niche pour les chiens, un garage pour la voiture. Et puis, et puis…, on eut envie de vivre au plus près de la nature, et on se transporta tous, Gilbert, Lucie, les chiens, les chats, l’oiseau, à la campagne ; on s’installa définitivement dans la « datcha», pour vivre au grand air, entendre le chant des oiseaux, écouter le vent dans les branches des arbres, le jour cultiver son jardin, le potager, les fleurs et la nuit contempler les étoiles. On vit même une aurore boréale.

Ils firent aussi ensemble l’étude et la visite de la région : l’abbaye de Royaumont fondée par Saint Louis, le château de la reine Blanche de Castille, la cathédrale d’Amiens.

Gilbert mourut en 2001, mais Lucie avait la certitude de retrouver dans l’autre monde les êtres qui lui sont chers.

Lucie se retira alors dans une maison de retraite à Soisy-sous-Montmorency, où elle trouva à la fois la tranquillité dont elle avait besoin et la compagnie de plusieurs nouveaux amis. Se préparant au grand départ, elle sut mettre ses affaires parfaitement en ordre.

Sa personnalité si indépendante, sa liberté chèrement conquise n’étaient pas synonymes d’égoïsme : dans sa résidence elle était engagée dans la commission de vie et animait des groupes d’étude sur l’histoire de l’art, l’histoire, dont un sur l’impulsion des Templiers. Elle était aussi membre de plusieurs associations.

Elle fit don à la résidence d’un grand nombre des tableaux qu’elle avait peints au fil des années. Ils ornent les couloirs de tout un étage.

En soutenant la Fondation Paul Coroze ainsi que le Foyer Michaël par des dons réguliers, puis en instituant la Fondation légataire universelle, elle accomplit son idéal : être libre et apporter au mieux son aide afin que d’autres puissent être libres aussi.

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L’image en-tête : Lucie Merguin-Dauvergne en 2021

Évocation de Renée Richard (1908-2001)

Dans notre Appel aux dons de novembre 2022, le nom de « Mme Richard » a été cité.

Renée Richard, 16 juin 1908 – 3 février 2001, bien connue des amis parisiens comme « Mademoiselle Richard », a été durant plusieurs décennies le bras droit de Simonne Rihouët-Coroze en apportant son aide fidèle, efficace et infatigable à la Librairie Triades, à la Société anthroposophique et, bien sûr, à la Fondation Paul Coroze, où elle se chargeait de nombreuses correspondances avec les boursiers et leur faisait parvenir, en deux parties, en octobre et en février, la bourse qui leur avait été octroyée.

Sa première profession de kinésithérapeute la qualifiait pour apporter, dans les derniers temps de sa vie, tous les soins de santé nécessaires à Mme Coroze, qui disait d’elle : « C’est un puits de bonté sans fond. »

Renée occupa en rente viagère l’appartement situé rue Notre-Dame-des-Champs. Depuis de nombreuses années, ce lieu situé dans notre quartier si recherché rend de grands services à la Fondation et à la Société anthroposophique.

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Les images : Renée Richard en 1990

Témoignage de Martina

Je considère comme un cadeau incroyablement précieux le fait d’avoir pu expérimenter tant d’activités et de disciplines différentes et d’avoir pu apprendre tant de choses.

Que ce soit dans les conversations avec des personnes inspirantes, dans la gymnastique Bothmer, dans le modelage, dans l’art dramatique, dans la sculpture sur pierre, dans la cathédrale de Chartres ou dans les cours théoriques, j’ai pu emporter tant de choses pour moi, ce qui a énormément enrichi ma vie.

Les échanges et les liens étroits avec les autres étudiants du Foyer ont également été particulièrement importants. Tout ce que nous avons vécu et mis en scène ensemble a fait de nous un groupe unique et des amitiés merveilleuses et étroites sont nées, et j’en suis très reconnaissante.

En outre, j’ai beaucoup appris sur moi-même et je pense que chaque défi que j’ai relevé m’a fait grandir intérieurement.

Honnêtement, je n’aurais jamais pensé, il y a un an, que j’aurais un jour le courage de monter sur scène et d’interpréter une chanson seule devant un grand public.

C’était une année qui m’a vraiment aidé à trouver une orientation dans ma vie. Pour la première fois de ma vie, j’ai pu dire : « Je sais exactement ce que je veux étudier et je m’en réjouis. » Il s’agit des études d’enseignante Waldorf à Stuttgart (Allemagne), que j’ai commencées maintenant, après l’année au Foyer Michaël, avec beaucoup d’enthousiasme.

Tout ce que je peux dire, c’est que je vous suis profondément reconnaissante de m’avoir permis financièrement de vivre cette année inoubliable et magnifique !

Merci d’exister et de permettre à tant de jeunes d’entamer des formations anthroposophiques !

Martina R.

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Les images : Aude Carleton

Témoignage de Hannah

Je vous écris pour vous remercier de votre aide pendant les neuf mois que j’ai passés au Foyer Michaël. La liste des choses que j’ai apprises est tellement longue que tout raconter n’a pas de sens. 

En arrivant au Foyer, je ne savais pas ce qui m’attendait, et à certains moments j’étais très surprise par le contenu des cours, mais au fil de l’année, de petites perles quotidiennes de nature, de beauté et de qualité m’ont montré comment prendre le temps, me connecter avec mon intérieur et comment exprimer ce que je vis à ceux qui m’entourent. Et de même que ma relation à autrui a éclos, la couleur de mon dialogue intérieur a changé. 

Grâce à la chorale avec Lucien Defèche, j’ai pu développer des qualités d’écoute que je ne croyais pas possibles. Semaine après semaine, je me nourrissais du chant en chorale, où malgré les flots d’émotion qui me traversaient, je me sentais en sécurité et dans la lumière. Quel cadeau inattendu de pouvoir ouvrir mon cœur à des inconnus et trouver une harmonie commune.

En chantant, je faisais l’expérience de formes, de formes que nous modelions avec Jean Bacourt dans l’argile – des expansions ou des vibrations qui grandissent puis diminuent. Mes mains ont découvert des forces qui vibrent à leur rythme, cachées à notre vue et néanmoins perceptibles.

 

La gymnastique Bothmer avec Suzanne Fritz chaque matin m’a donné un rythme que j’avais attendu toute ma vie. Je me réjouissais d’écouter mon corps, de sentir mes forces physiques grandir, voire de toucher à des dimensions encore plus subtiles. Jamais mon corps n’avait été aussi stable et sûr.

J’ai tellement aimé ces trois éléments des cours reçus au Foyer, dans le cadre magnifique et paisible du Bourbonnais, où les légumes sur nos assiettes avaient été sortis le matin même de la terre, que je voulais prendre une deuxième année pour approfondir et découvrir les liens entre voix, corps et volumes. En même temps, en partant de Strasbourg pour le Foyer, je me suis rendu compte de mon besoin très fort de m’installer, de créer une vie autour de mon chez moi. Je souhaite néanmoins continuer à expérimenter le chant à la manière anthroposophique et me suis inscrite au nouveau cycle de chant Werbeck à Sorgues qui commence en octobre.

Hannah S. W.

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L’image en tête (eurythmie) : Aude Carleton ; Image dans les champs : « La biodynamie nous donne la patate » de Anouk Portenier ; image peinture : « La Peinture Sociale » de Ondine Gentaud